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Compte-rendu de lecture d’article d’histoire contemporaine

Maud Anne Bracke, Feminism, the State, and the centrality of reproduction: abortion struggles in 1970s Italy

 

Nous nous proposons de livrer ici un résumé et une analyse de l’article Féminisme, l’État et la centralité de la reproduction : les luttes pour l’avortement dans l’Italie des années 70. Il a été commis par l’historienne Maud Anne Bracke, enseignante-chercheuse à l’Université de Glasgow, Ecosse. Maud Bracke est une spécialiste de l’histoire sociale, histoire du genre et histoire politique de l’Europe. Ses recherches portent notamment sur les partis communistes en France et en Italie pendant la Guerre froide, l’histoire des Gauches européennes ou encore sur les mouvements sociaux autour de « 1968 » en Europe occidentale.

Depuis 2010, Maud Bracke centre ses travaux sur l’histoire du genre, desquels a résulté un certain nombre de publications sur le féminisme italien, dont Italian translation en 2019. Sur sa page de présentation de l’Université de Glasgow, on peut lire que ses publications paraissent dans cinq langues.

            Dans cet article, Maud Bracke retrace les luttes des mouvements progressistes et féministes italiens pour la dépénalisation et donc la légalisation de l’avortement, lesquelles ont abouti, dans un contexte de très fortes tensions sociales et politiques, à la « loi de compromis » 194, en 1978. Cette publication sera utile au chercheur qui s’intéresse à « 1968 » à bien des égards :

D’abord, elle resitue la dimension occidentale de ce que l’on appelle communément « 68 » – et donc sa dynamique -, et ce, bien au-delà de l’image d’Épinal d’un mouvement de jeunesse, limité aux étudiants – issus des classes bourgeoises.

Ensuite, l’article, évoquant l’avortement, aborde évidement la question de la sexualité et des pratiques hétérosexuelles. Comme nous avons pu l’étudier, il n’est pas ici question d’une « simple » libération sexuelle ; dans cet ordre d’idées, l’article de Bracke, qui suit un plan thématique, rappelle ou précise les spécificités du – ou des – mouvements féministes dans cette période donnée – les décennies 60 et 70 –, mettant par ailleurs l’accent sur ce qui est présenté comme « l’exemple italien », novateur, avant-gardiste, et parfois comparé au cas français qui lui est postérieur. Bracke souligne, dans cette lutte pour l’accès sans charge à l’avortement dans un pays très marqué par le catholicisme, les nombreuses divisions au sein de ce que l’on pourrait appeler le bloc des Gauches, mais aussi plus particulièrement entre les mouvements féministes eux-mêmes et la dominante à privilégier : régulation par l’État ou auto-détermination ?

Enfin, la dernière partie de l’article bouscule une idée reçue quant à la prétendue homogénéité des catholiques et de la Démocratie chrétienne – le grand parti de la Droite italienne – : l’on découvre ainsi, au sein de cette frange conservatrice de la société italienne, des positionnements hétérodoxes, venant parfois même de membres éminents de l’Église catholique romaine.

            Maud Bracke, dans la première partie de son analyse, induit une réflexion qui dépasse le cadre de l’avortement et de sa légalisation partielle en Italie, dans les années 70. Citant Ruth Miller, elle rappelle que la teneur des débats et les positionnements de ce combat ont fait de l’utérus un sujet de l’espace public, de régulations légale et sociale. Ainsi donc, s’il apparaît clairement que la deuxième vague du féminisme, dans les années 70, qui exerça des pressions politiques et entama des négociations avec l’État, fut le moteur d’un mouvement en faveur de la décriminalisation de l’avortement, c’est bel et bien les questions – les contradictions ? – de la souveraineté de l’État, de l’auto-détermination des femmes – dans un monde patriarcal – et de la réappropriation de leur corps qui étaient en jeu. En effet, réinvestissant la notion de pouvoir biopolitique développée par le philosophe français Michel Foucault, Maud Bracke explique qu’il est nécessaire de comprendre le défi posé par cette deuxième vague des mouvements féministes, trop avancés sur les mouvements de Gauche et des institutions progressistes reproduisant des schémas sociétaux conservateurs. L’exemple du parti communiste italien (PCI) semble éloquent à cet égard, car soucieux d’établir un compromis acceptable, il serait resté attaché à un modèle familial traditionnel, où même pour les prolétaires, la femme est mère. Un tel positionnement ne pouvait satisfaire les féministes, réparties dans un ensemble de mouvements présenté comme disparate, incluant des groupes « séparatistes ».

Bracke explique néanmoins les causes immédiates des réponses des acteurs socio-politiques, pris – engloutis ? – dans des débats internes. Nous y reviendrons ultérieurement, lorsque nous évoquerons notamment « le compromis historique » qui occupa le PCI et la Démocratie chrétienne (DC).

            Dès lors, Bracke traite de la complexité des débats au Parlement et des négociations avec les différentes « parties », mais au-delà, n’est-ce pas la nature-même de la loi 194 qui est questionnée ? Elle apparaîtrait comme un consensus en trois clés :

  • L’avortement comme une part du débat public
  • Un droit individuel encadré et accordé sous la plus sévère pression sociétale
  • Une prévention des changements culturels à l’égard du sexe et des relations hommes / femmes (l’intention fondamentale des féministes).

« 1968 » apparaît ici bien moins comme une révolution – fusse-t-elle prétendument sexuelle – que comme une réforme où l’on tente de satisfaire toutes les parties en présence, donnant trop du point de vue des uns, et insuffisamment de celui des autres. Ainsi donc, la loi 194 aurait été, pour les institutions de l’État, l’occasion d’un discours sur la « libération sexuelle » et les différences entre les sexes plutôt que sur l’égalité, axé bien moins sur la femme que sur la famille. Cependant, elle aurait posé l’Italie comme un exemple avant-gardiste dans le monde industrialisé – France, Allemagne de l’Ouest, USA et Japon -, illustration d’un succès, révélant les antagonismes et l’engagement de tous les acteurs sociaux. Maud Bracke souligne ici un paradoxe : l’Italie, pays catholique, patriarcal, fortement influencé par l’Église, est celui qui a laissé une large place aux féministes. Nous pouvons ici rejoindre la réflexion de l’auteure et la prolonger : l’Italie, justement parce qu’État où les verrous moraux et sociétaux étaient particulièrement prégnants, offrit un espace aux féministes où la radicalité de leurs revendications allaient pouvoir se justifier.

            La première vague de féminisme avait vu le jour dans des villes politiques de premier plan, à la fin des années 60. Mais au milieu des années 70, ces petits groupes sont rejoints par des milliers de femmes de tous les horizons, certaines allant jusqu’à revendiquer une forme de séparatisme. En effet, selon Bracke, l’explosion des mécontentements et l’influence des discours américains sur les libertés civiles d’une part, le Parti radical – Gauche non-marxiste –, leader sur la réforme du divorce, catalysant les revendications d’autres part, permirent d’élargir le cadre du débat : il s’agissait de critiquer sévèrement le modèle patriarcal et des nouvelles formes de subordination, y compris sexuelles. À ce propos, la position ambivalente du PCI pourrait s’expliquer par sa recherche du « compromesso storico », à l’initiative de son leader, Enrico Berlinger. L’idée ? Mettre fin à la division politique italienne, PCI / DC, et proposer une stabilité, laquelle sera largement compromise avec l’enlèvement puis l’assassinat, en 1978, de l’ancien premier-ministre Aldo Moro, par le groupe terroriste d’extrême-gauche « les Brigades rouges ».

Toujours est-il qu’alors que la bataille pour la légalisation de l’avortement était menée dans le monde occidental, les féministes italiennes – Rivolta Femminile, Movimento di Liberazione della Donna, etc. – posaient les jalons de questions plus fondamentales encore : l’exploration du corps, l’auto-détermination, lesquels passaient par le rejet de toute forme de contrôle externe, fusse-t-il celui de l’État – « Io sono mia ». Maud Bracke explique donc que les années 70 virent de nouvelles formes d’actions, souvent spectaculaires, qui passèrent par « l’auto-dénonciation » – « Nous avons toutes fait un avortement. » Ainsi, les féministes brisaient le tabou de la tragédie de l’avortement illégal – Bracke évoque 20 000 décès. Ce combat des idées gagné et le référendum de 76 advenu, la question demeurait, quelle forme de légalisation ? Ainsi, les premières dissensions se firent jour au sein de la mouvance féministe, entre les groupes réclamant « une meilleure loi » – Effe écrira « Ce n’est pas notre libération » – et ceux, influencés par la pensée de Thomas Malthus, centrés sur l’éducation – des couches populaires notamment – à la contraception et à la limitation des naissances – une position qui sera attaquée de toute part.

            Dès lors, la lecture de l’article laisse entrevoir une dimension de santé publique. Ainsi, si Bracke bouscule une autre idée reçue des milieux réactionnaires – l’avortement comme libération des femmes –, elle précise que les cliniques furent au cœur de nouvelles politiques du corps. C’est une dimension sociétale et de santé qui point ici, posant la problématique de l’avortement en d’autres termes :

  • Le traumatisme de la femme qui interrompt une grossesse
  • Les profonds problèmes culturels liés aux pratiques hétérosexuelles

Voilà qui fait écho aux nouvelles formes de subordination que nous évoquions précédemment : « Qui est libéré ? Les femmes ou leurs partenaires – masculins ? » A cette question qui contient la réponse vint se greffer une analyse marxiste de la situation : les femmes de la bourgeoisie auront toujours accès à l’avortement, légal ou non – ce qui reste néanmoins très discutable, si l’on considère que le facteur économique, bien que levier important, n’occulte pas les verrouillages sociétaux et le pater familias dans les familles des classes dirigeantes. Les féministes arguaient donc que « l’avortement pour les masses ne représentent pas une conquête pour la civilisation. » Ce souci des féministes italiennes de la réappropriation du corps des femmes et du changement culturel dans les pratiques amena la question de la place du regard public et avec elle, de nouvelles divisions dans le choix des modes d’actions – « 68 » ne serait pas un bloc homogène où les gauchistes de toutes les mouvances seraient « sur la même longueur d’onde ». Tout devait-il être débattu publiquement, y compris les expériences intimes des femmes ? À cette question, beaucoup de féministes refusèrent de livrer le nom des femmes qui avortaient, voulurent garder le contrôle du récit et ne partagèrent pas cette nécessité de l’auto-dénonciation. À ce propos, Maud Bracke fait une comparaison avec la situation française, évoquant notamment Le manifeste des 343, où des femmes qui jouissaient d’un capital culturel certain, à l’instar de Catherine Deneuve, « s’auto-dénoncèrent », pour briser un tabou et poser le débat. Rappelons qu’il fallut attendre aussi les années 70 pour que la République française légalise l’IVG, portée par sa ministre de la santé Simone Veil, sous le Septennat de Valéry Giscard d’Estaing. Revenons en Italie, où d’autres groupes féministes choisirent au contraire de rendre publics des modes d’actions, en se faisant arrêter dans les cliniques – il est notamment question de l’impulsion du CISA (Centre d’Information sur la Stérilisation et sur l’Avortement).

Cette division autour de la « publicité » du combat ou du respect de la vie privée des femmes n’a pas occulté une autre question essentielle selon l’analyse de l’auteure : la représentation du corps des femmes italiennes, suivant des archétypes liés à la beauté. Il y aurait donc ici dualité, un piège dans lequel les femmes seraient enfermées : la maternité ou l’objet sexuel. Mais Bracke souligne que la question de la place à accorder à l’État a davantage divisé les groupes féministes encore, d’autant que se jouait, au milieu des années 70, l’institutionnalisation d’initiatives venues de la base. Les féministes « modérées » estimaient que la loi qui se dessinait, était une bonne loi, répondant aux revendications de l’avortement sans coût pour toutes les femmes, même mineures, dans les hôpitaux publiques. Certains de ces groupes ont milité pour que l’État joue un rôle dans la prévention, l’éducation sur les questions de santé sexuelle et la contraception. Mais les féministes issues des mouvances de la Gauche radicale se montrèrent hostiles à toute forme d’intervention de l’État. Préconisant l’auto-détermination et l’autonomie de la décision, elles se sont opposées au monopole des hôpitaux publics, réclamant la possibilité de pouvoir avorter dans les cliniques. Rivolta femminile écrira même « L’État décide pour nous. » L’exemple de coopération entre des collectifs mixtes, de Gauche, avec l’État, en France, est particulièrement éloquent – Maud Bracke évoque le Mouvement pour la Libération de l’Avortement et la Contraception, MLAC. Se seraient heurtées ici les « vieux » politiques de la Gauche traditionnelle, de la Démocratie parlementaire, aux « nouveaux » acteurs de la Gauche, issus du mouvement social. Nous pourrions ici prolonger la réflexion de l’auteure en précisant que cette opposition est classique à Gauche, bien au-delà de la question de l’avortement et des groupes féministes. « 68 » aurait-il mis d’autant plus en évidence cette division entre des mouvances de culture socialiste, attachées à une forme « d’État providence » et interventionniste, et des groupes de tendance anarchiste, prônant une vision plus proche d’un « socialisme libertaire » ?

            La dernière partie de l’article est probablement celle qui surprend le plus, car elle lève une nouvelle idée reçue, celle de l’homogénéité du Centre-droit et de la Droite catholique. En effet, si dans la partie intitulée les réponses de l’État patriarcal, Maud Bracke précise que l’Église catholique avait eu une position intransigeante dans les années 60 et au début des années 70 – la bulle de Paul VI Humanae Vita, expliquant que l’avortement n’est pas l’affaire individuelle de la femme et que le fœtus a une relation avec Dieu -, elle explique néanmoins que celle-ci allait être subtilement assouplie dès 1974. Dans un premier temps, les évêques italiens avaient affirmé que « la loi ne pouvait pas englober toute la sphère morale » et, réalisant que le domaine de l’État leur échappait, réinvestissaient, d’une certaine manière, l’objection de conscience promise aux médecins par la loi à venir en appelant les fidèles à la désobéissance civile. Pourtant, sous l’impulsion du courant de pensée latino-américain Libération de la théologie, lequel avait une lecture marxiste ou marxienne de la société, – il était notamment question de rendre la dignité aux pauvres et de les arracher à des conditions de vie misérables -, un vent de « catholicisme social » souffla sur ces débats. Déjà, « 68 » avait ébranlé le dogme catholique avec le Concile Vatican II – 1962- 65 -, qui avait engagé une profonde réforme de l’Église. Jean XXIII avait dit lors de l’ouverture : « Notre devoir n’est pas seulement de garder ce précieux trésor comme si nous n’avions souci que du passé, mais nous devons nous consacrer, résolument et sans crainte, à l’œuvre que réclame notre époque, poursuivant ainsi le chemin que l’Église parcourt depuis vingt siècles. » Il fut pris, plus d’une décennie plus tard, au mot. Bracke livre les exemples de l’évêque Ambrogio Valsecchi et du théologien Umberto Betti qui, en 1975, amenèrent l’idée que des évolutions dans l’Église étaient acceptables et qu’une réforme légale de l’avortement était possible. Ces positions hétérodoxes eurent-elles des conséquences dans le temporel ? Maud Bracke nous rappelle la répugnance de membres du Parti chrétien démocrate à l’influence de l’Église, lesquels quittèrent, par exemple, le parti à l’occasion des élections de 1975 et s’établirent sur des listes communistes – opération probablement facilitée par le « compromis historique ». Les débats furent donc vifs au sein de la Démocratie chrétienne, se ralliant à une loi au cadre restreint. Certes, le parti bloqua la loi au Sénat et un Mouvement pour la vie naquit – et dont le poids moral fut constant depuis lors -, certes, l’enlèvement et l’assassinat d’Aldo Moro créèrent un climat de tensions très fortes, mais la loi 194 fut votée.

            Dans sa conclusion, Maud Bracke relève plusieurs points de synthèse, et nous porterons l’attention sur ceux-ci :

La loi 194 fut un compromis, mettant en évidence le rôle de l’État pour protéger la conception de la vie humaine. Les débats menés au cours de cette lutte ont fait de l’utérus une négociation politique, ce qui a rendu inconfortable la position de nombreuses féministes, hostiles à la « publicité » du corps de la femme. De surcroît, les divisions au sein de « l’activisme féministe » furent importantes, et la mobilisation massive des organisations religieuses dans les professions médicales demeurent une réalité.

Mais la loi 194 pose également l’exemple italien de cet activisme féministe comme un moteur du changement, avant-gardiste et populaire. Une troisième vague féministe vit le jour dans les années 80, plus « sophistiquée » et arguant l’anti-institutionnalisme « post 68 » du mouvement social.

Pour prolonger la réflexion de l’auteure, nous noterons que ce qui est au fond bousculé dans la réalité qu’elle décrit, c’est l’ordre établi, les verrouillages sociétaux et le poids moral de l’Église catholique, lesquels dépassent très largement la question centrale du droit à l’avortement et de la lutte féministe. Dans cette configuration, nombre de cinéastes italiens, de Gauche, se sont mobilisés, à travers leurs œuvres – financées par des producteurs de Droite –, pour ébranler l’édifice conservateur – et parfois patriarcal –, et avancer une vision progressiste ou révolutionnaire. À ce titre, Luchino Visconti, « le comte rouge », avec Rocco et ses frères en 1960 – et dans lequel Nadia, jouée par Claudia Cardinale, illustre bien les problématiques qui seront soulevées par les mouvements féministes dans les années 60 et 70 –, ou encore en 1962, avec sa fresque historique Le Guépard, où il décrit autant le Risorgimento que la lutte des classes de son époque.

Sergio Leone, communiste également, avec son « opéra » Il était une fois dans l’Ouest, en 1969, relate, dans un monde dominé par les hommes, la lutte d’une femme, ancienne prostituée de surcroît, pour sa survie, interprétée par la même Claudia cardinale.

Les Frères Taviani, avec Allonsanfan en 1974, mettent au cœur de leur drame – ou de leur farce ? – les déchirements d’aristocrates italien et hongrois – respectivement Marcello Mastroianni et Lea Massari –, membres d’un groupuscule anarchiste. Ainsi donc, le cinéma italien a pris sa part dans cette lutte politique.

            Enfin et plus largement, le monde occidental notamment, semble ne pas avoir toujours tranché ces enjeux démocratiques : aspirations populaires pour un exercice de démocratie directe et / ou activistes féministes investies dans des actions spectaculaires – FEMEN par exemple – mènent toujours et bien après « 68 », une lutte, à partir de la base, face à des institutions qui limitent la démocratie au seul cadre de la représentativité parlementaire, ou à des gouvernements qui remettent en cause le droit à l’avortement. Au fond, « 68 », est-ce vraiment fini ?

 

Jean-Baptiste Chikhi-Budjeia